La dignité après la mort: un droit fondamental pour tous

La société québécoise est de plus en plus consciente des enjeux relatifs aux personnes en fin de vie. De ceux-ci, émerge une idée commune : tout le monde a le droit de mourir dignement. Mais qu’en est-il de la dignité après la mort ?

Entrevue avec Patrice Chavegros, vice-président chez Athos Services Commémoratifs, ancien directeur général d’Urgel Bourgie/Athos et thanatologue de plus de 40 ans d’expérience.

Mourir dans la dignité… et après ?

Dans notre système de santé actuel, on s’efforce de prendre en charge le patient avec rapidité et efficacité. Or, après le décès, ce sentiment d’urgence est beaucoup moins présent. Autrement dit, dès qu’une personne passe du statut de patient au statut de défunt, elle semble perdre sa valeur en tant qu’être humain.

Pourtant, une personne ne cesse pas d’être lorsqu’elle décède. Même si le défunt n’anime plus son corps, il continue tout de même de vivre à travers celui qu’il a été. La contribution d’un individu sur terre perdure après sa mort, au travers des actions et des souvenirs qu’il laisse derrière lui.

Est-ce que le fait de pouvoir interagir avec cette personne aurait plus de valeur que l’empreinte que laissera son souvenir dans le temps? À cette question, Patrice Chavegros répond de façon catégorique : « Non, un être humain n’en est pas moins un après sa mort. Et nous avons le devoir de traiter les défunts avec la même humanité qu’on accorde aux vivants. »

La reconnaissance du statut du défunt : une réflexion essentielle

Présentement, notre société n’offre aucune reconnaissance au statut du défunt. Un citoyen qui passe de vie à trépas est, pour ainsi dire, dévalorisé. Donc, pour assurer la dignité humaine suite au décès, on doit reconnaître l’utilité et le bien-fondé des rituels autant que des sépultures. « L’être humain vient au monde dans la dignité et doit y demeurer après son décès, c’est un droit fondamental », affirme M. Chavegros.

Un dernier hommage et un temps d’arrêt suivi de l’accompagnement jusqu’à un lieu de repos décent : voici les marques de respect qui devraient être allouées à tous les personnes qui décèdent, peu importe le mode de disposition qu’elles choisissent, que ce soit l’inhumation, la crémation ou tout autre option.

Ceci est d’autant plus vrai dans le milieu au sein duquel évolue Urgel Bourgie / Athos. « Un défunt est une personne qui a une histoire, qui a vécu et qui a été aimée par ses proches, qui nous en confient la disposition », explique M. Chavegros. De ce fait, il est essentiel de prendre soin de cette personne décédée avec délicatesse et attention.

« Pour nous, le défunt n’est pas déshumanisé, ajoute-t-il. C’est une personne qui existait et dont l’impact dans la société demeure. C’est bien plus qu’un corps. C’est une personne qui a un nom, une vie et cette vie, on doit la résumer pour créer un hommage, une marque de respect en son honneur. »

La dignité selon Urgel Bourgie/Athos

Il est du devoir de tout professionnel du domaine funéraire d’assurer la dignité des défunts à toutes les étapes du processus funéraire. Pour les membres de l’équipe d’Urgel Bourgie / Athos, les notions de compassion et de respect sont primordiales :

« Nous nous engageons à servir chacune des personnes que nous rencontrons avec intégrité et humanité car pour nous, la dignité après la mort n’est pas une option : c’est un droit. »

Selon Patrice Chavegros, ce n’est pas une affaire de prix : c’est d’abord une affaire de conscience. Cet engagement envers la dignité du défunt se traduit de différentes façons au cœur des pratiques d’Urgel Bourgie / Athos :

« D’abord, nous offrons le même soin et la même prise en charge à tous les défunts, quelle que soit leur situation. Nous suivons la même déontologie et optons pour les mêmes pratiques, avec beaucoup de respect et d’humanité. Dans les gestes posés au quotidien par notre équipe, nous attachons autant de valeur à chacun des défunts qui nous sont confiés. »

« Ensuite, nous proposons des services funéraires aux familles de tous les horizons afin qu’elles puissent disposer de leurs défunts, quelles que soient leurs origines, leurs coutumes et leurs croyances, mais aussi, quel que soit leur budget. »

Dans sa volonté de permettre à tous d’accéder à la dignité après la mort, Urgel Bourgie / Athos soutient également la Mission du Dr Marsolais et offre la crémation gratuitement à de nombreuses personnes en situation précaire.

La dignité du défunt : une question de société

On juge la valeur d’une société, entre autres, à la façon dont elle dispose de ses défunts. Alors comment faire évoluer les mentalités?

« La question qu’il faut se poser, soulève M. Chavegros, c’est où commence la dignité de l’être humain et où elle finit. À mon avis, elle ne se termine pas au moment du trépas ; elle doit perdurer au-delà. »

La dignité s’inscrit dans le statut de l’être humain. Nous avons tous notre propre valeur en tant que personne et avons le droit de demeurer digne au sein de la société à laquelle nous avons contribué, et ce, même après notre décès.

C’est pourquoi nous avons le devoir, en tant que communauté, de nous questionner sur la reconnaissance du statut du défunt au sein de notre système et surtout, sur le devoir de mémoire.

 

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l’autre côté des tombeaux
Les yeux qu’on ferme voient encore.
– Sully Prudhomme